L'orthopédagogie à travers mes yeux
Analyse d'un article sur la dyslexie
Références :
Les deux articles publiés en une seule version (article payant) :
Ramus, F. (2018). Difficultés en lecture et dyslexie : comment intervenir avant même un diagnostic ?. Administration & Éducation, 157(1), 109-117. https://doi.org/10.3917/admed.157.0109
Accès gratuit à l’article disponible sur le blog de l’auteur :
Ramus, F. (2018a, 28 mai). Difficultés en lecture et dyslexie : état des lieux. Ramus Méninges. Consulté en ligne sur http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/difficultes-en-lecture-et-dyslexie/
Ramus, F. (2018b, mai 28). L’approche « réponse à l’intervention » pour les difficultés en lecture. Ramus Méninges. Consulté en ligne sur http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/approche-reponse-a-lintervention-difficultes-lecture/
J’ai choisi cet article scientifique, car il met en cause l’aspect important de l’intervention. L’auteur Franck Ramus, directeur de recherche en développement cognitif et pathologique, ne décrit pas seulement les enjeux de la dyslexie, mais propose également une méthode d’intervention précoce pertinente dont je n’avais pas encore entendue parler. Ainsi, je trouve que c’est un article riche qui apporte une plus-value intéressante pour les enseignants. En plus de la méthode élaborée, l’auteur clarifie également certains malentendus et méconceptions autour de la dyslexie, permettant ainsi de mettre l’accent sur ce qui importe vraiment dans la prise en charge de jeunes dyslexiques.
Maintenant, je vais mettre en avant ce que j’ai pu apprendre grâce à l’article. Le texte en bleu représente les nouveaux apports qui s’ajoutent aux savoirs développés dans le cours et tout ce qui est en noir représente les redondances identifiées avec le cours de dyslexie et dysorthographie.
Franck Ramus commence son article en mettant en avant que depuis quelques années, les aptitudes de compréhension de textes des élèves ont fortement diminuées. Partant de ce constat, il essaye de décliner les enjeux en lien avec la lecture afin de trouver une cause potentielle à ce déclin.
La lecture représente une tâche complexe qui exige non seulement un apprentissage particulier, mais également l’utilisation d’un ensemble de capacités cognitives et sensorielles. Ainsi, une perturbation au niveau d’une de ces capacités peut par conséquent être la cause d’une difficulté de lecture. Cette perturbation peut d’une part se présenter sous forme d’atteinte organique comme par exemple une déficience intellectuelle, une déficience sensorielle quelconque ou encore des complications visuelles qui ne sont pas corrigées par des lunettes ou autre. D’autre part, elle peut être dû à plusieurs facteurs environnementaux comme notamment un faible milieu socio-culturel, un manque d’enseignement ou encore un pauvre bagage langagier. Si les difficultés de lecture perdurent malgré que l’enfant ait une intelligence normale, vive dans un milieu non-défavorisé et n’ait pas de troubles de perception, celui-ci est considéré comme étant « dyslexique ».
Dans ses recherches, l’auteur met en avant deux définitions de la dyslexie qui proviennent l’une de la Classification des maladies (CIM-10) et l’autre du Manuel diagnostique et statistique (DSM5). Ces deux définitions soulignent que la dyslexie est un trouble spécifique de la lecture qui comme exposé auparavant n’est pas dû à des déficiences intellectuelles, des troubles visuelles ou auditifs non corrigés, des troubles psychologiques ou sociaux, un manque d’enseignement, ni à une non-maîtrise de la langue d’enseignement. Les causes de la dyslexie peuvent être multiples. Ainsi, des difficultés cognitives ou bien des causes génétiques ou encore environnementales peuvent représenter des déclencheurs qui provoquent une dyslexie.
Dans l’article, l’auteur se concentre sur les causes cognitives, puisque celles-ci ont plus d’intérêt pour la méthode qu’il souhaite mettre en évidence par la suite. La lecture représente la capacité de l’individu de faire correspondre les graphèmes et les phonèmes afin de décoder ce qui est écrit. Ainsi, la dyslexie se caractérise soit par un déficit phonologique, soit par un déficit visuel. Les enfants atteints de dyslexie ont des difficultés au niveau du traitement cognitif et de la représentation mentale, ce qui freine leurs capacités de faire des correspondances graphème-phonème et de distinguer, de reproduire et de manipuler des phonèmes. Dans ce cas, on parle alors de difficultés liées à la conscience phonologique qui se traduisent par une prise de conscience que les mots sont constitués de lettres, de syllabes ou encore de phonèmes et qu’ils sont donc décomposables et recomposables. En effet, cette conscience phonologique représente un pré-requis pour l’apprentissage de la lecture et commence déjà à l’école maternelle.
L’auteur explique que pour identifier ces difficultés, les enfants sont amenés à faire des exercices oraux où ils doivent par exemple trouver des intrus dans les rimes ou encore échanger les sons initiaux de deux mots donnés. Certains enfants atteints de dyslexie ont également une altération au niveau de la mémoire à court terme, ce qui fait qu’ils ne sont pas capables de retenir les sons qui composent les mots qu’ils ont entendus auparavant. Finalement, ils exécutent les tâches plus lentement que les enfants sans dyslexie et ont ainsi du mal à réaliser des exercices où ils doivent nommer le plus rapidement le nom des objets qu’ils voient sur des images. L’auteur insiste sur le fait que les enfants dyslexiques ne sont pas seulement comparés aux enfants ayant le même âge qu’eux, mais également aux enfants plus jeunes qui ont le même niveau de lecture.
Les difficultés nommées ci-avant n’ont pas seulement un impact sur la lecture, mais également sur l’écriture, puisque pour qu’un mot s’inscrive avec succès dans le lexique orthographique de l’enfant, celui-ci doit être à même de le déchiffrer et le lire correctement à plusieurs reprises.
La dyslexie visuo-attentionnelle n’est pas développé par l’auteur, puisqu’il estime que les recherches ne sont pas encore assez claires sur ce sujet.
Dans son article, l’auteur essaye de dissimuler les méconceptions qui existent autour de la dyslexie. Il explique que lorsque les gens disent que la dyslexie est une « médicalisation d’un problème pédagogique », ils ne comprennent pas que celle-ci n’a pas d’origines pédagogiques et qu’il ne peut donc pas s’agir d’une telle médicalisation. Il souligne également que même si le diagnostic est en effet un diagnostic médical, la prise en charge de la dyslexie est pédagogique. De plus, il explique que le diagnostic n’étiquette pas l’enfant, mais que c’est l’échec qui provient d’un manque d’adaptations et de rééducation qui va le catégoriser. Finalement, il explique qu’un diagnostic n’apporte pas une « déresponsabilisation » des enseignants et que ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un trouble durable, qu’il ne faut pas agir pour l’aider à palier ses difficultés. En effet, le rôle de l’enseignant n’est pas de changer le passé, mais d’intervenir au présent afin d’ainsi impacter et changer le futur de l’enfant qui lui est confié.
Dans la deuxième partie de son article, l’auteur décline le rôle de l’enseignant et explique que celui-ci doit dès les premiers signes de difficultés procéder à une intervention précoce avant même qu’un diagnostic final soit posé. Il parle alors de l’approche « réponse à l’intervention » qui préconise d’aider les enfants en fonction de leurs besoins et d’évaluer l’effet de leur intervention par la suite afin de voir si celle-ci doit être maintenue, changée ou arrêtée. Il explique que cette approche permet une intervention immédiate qui est bénéfique pour les enfants, car même si un enfant qui bénéficie de l’intervention n’est pas dyslexique, il va pouvoir pallier ses difficultés afin de continuer ses apprentissages. De même, les enfants qui s’avèrent être dyslexiques suite à un diagnostic posé auront dès le début pu bénéficier d’une aide permettant de ne pas retarder leur prise en charge et de ne pas trop augmenter leurs retards par rapport aux autres élèves de la classe. Cette intervention sa fait à travers plusieurs stades :
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Favoriser l’apprentissage de la lecture en utilisant une méthode phonémique basé sur la correspondance graphème-phonème
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Identifier les enfants qui ont des difficultés dans le but de leur offrir un enseignement plus adapté et plus intensif (travailler sur leurs difficultés en proposant des exercices et des activités permettant de s’améliorer) et proposer dès lors des aménagements adaptés aux enfants qui peuvent être inscrits dans un PIA
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Intervention similaire qu’au stade deux mais il faut ici favoriser l’individualisation basée sur les difficultés repérées dans le diagnostic et mettre en place une collaboration avec d'autres professionnels
L’auteur souligne finalement que la formation de l’enseignant nécessite un enseignement plus poussé au niveau de l’enseignement de la lecture et qu’il faudrait définir des compétences de lecture claires afin de pouvoir les évaluer de manière précise.
Analyse
L’article reprend de nombreux points vus en cours, comme une définition de la dyslexie, des explications sur la dyslexie phonologique ou encore la description des tests réalisés pour poser le diagnostic d’un enfant. Tout de même, je dois dire que le cours développe ses aspects un peu plus en profondeur et donne plus d’informations et des détails à ce qui concerne les différents tests réalisés et les symptômes relevés.
Contrairement au cours, l’auteur ne développe pas du tout la dyslexie visuo-attentionnelle, car il estime que les recherches ne sont pas encore assez développées. Même si cet article date de 2018, j’estime qu’il aurait quand même été possible de développer ce deuxième type de dyslexie qui même s’il est moins répandu, atteint après tout un certain nombre d’enfants.
Les méconceptions élaborés par l’auteur n’apparaissent pas dans le cours, même si ça se peut qu’on ait eu une discussion orale à ce sujet. Je trouve qu’il est important de noter la dernière méconception relevée par l’auteur qui décline la « déresponsabilisation », puisqu’en effet il est possible que certains enseignants croient qu’ils ne peuvent rien faire face à la dyslexie, alors qu’ils ont tous les outils en main et manquent peut-être simplement de formation à cet égard.
L’approche « réponse à l’intervention » ne se retrouve dans le cours non plus, mais elle reprend tout de même des notions vues dans le cours comme par exemple :
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L’élaboration d’un PIA
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L’utilisation d’une méthode grapho-phonémique
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La collaboration avec les professionnels (logopèdes, orthophonistes)
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La mise en place de d’aménagements et d’aides pour l’enfant en difficulté (dyslexique ou pas)
Finalement, je peux dire que l’article m’a permis d’avoir un aperçu différent de la dyslexie. Ainsi, même si l’auteur n’a pas détaillé tous les aspects comme dans le cours, son article m’a tout de même permis d’affiner ma connaissance sur la dyslexie et de la voir sous un nouvel angle. Les nouveaux apports ont également été intéressants, puisque je n’avais jamais entendu parler des fausses conceptions autour de ce trouble et que c’était donc plaisant de voir comment l’auteur contestait ces élaborations.
Sources :
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Genard, N. (2020). Cours de dyslexie et de dysorthographie. Haute École Bruxelles-Brabant Defré.
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Ramus, F. (2018a, 28 mai). Difficultés en lecture et dyslexie : état des lieux. Ramus Méninges. Consulté en ligne sur http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/difficultes-en-lecture-et-dyslexie/
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Ramus, F. (2018b, mai 28). L’approche « réponse à l’intervention » pour les difficultés en lecture. Ramus Méninges. Consulté en ligne sur http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/approche-reponse-a-lintervention-difficultes-lecture/